Elle développe aussi sur place un accueil pour les pèlerins et
les personnes en recherche spirituelle, et crée à cet effet la
maison Saint-Hugues financée en grande partie avec des
fonds privés. Séjour spirituel et reconstruction morale ...
nombreux sont ceux qui doivent beaucoup à son charisme, à
sa disponibilité, à son sens de l'accueil et à sa générosité sans
faille. Elle sait s'entourer d'amis sûrs, généreux et dévoués...
et assure à la satisfaction de tous - y compris des instances
diocésaines - pendant plus de vingt ans l'animation dominicale sur place dans l'abbaye autour de cette devise qu'elle a
tirée des écrits de saint Paul : « Du point où vous en êtes,
je fais
un bout de chemin avec vous. »
C'est alors que le diocèse de Valence, (Mgr Marchand a remplacé depuis
Mgr de Cambourg) sollicité, il est vrai, par soeur
Marie-Françoise pour un passage de relais, « en raison de (son)
âge » nomme officiellement le 20 novembre 1997 un moine
(sexagénaire) bénédictin. exclaustré de son abbaye, refusé par
d'autres et qui avait fini par rester sur les bras de l'évêque en
raison d'un itinéraire quelque peu tumultueux. Le frère, lui,
n'en demandait pas tant après des années de galère à chercher un point de chute. Il s'installa donc discrètement. Les
premiers temps, la soeur fit bonne figure et accepta même de
grand coeur ce « frère imposé » à sa table et lui fit place sans
détours au sein de la petite communauté qui vivait alors en
ce lieu ... Mais bien vite les choses se dégradèrent jusqu'au
jour où le moine qui avait repris des forces, lui déclara être
le « patron ici », et fit sur le champ changer la serrure de
l'abbatiale pour en posséder seul la clé... « Il alla même jusqu'à me refuser la communion ! » s'indigne la religieuse.
Manque de chance, la soeur est d'un fort caractère... et malgré son grand âge tint tête au nouveau
maitre des lieux et lui
refusa la maison Saint-Hugues, jouxtant la belle abbatiale, à la
fois lieu d'accueil et siège de l'association spirituelle, qu'elle
avait fondée pour desservir cet espace : la Communion
Sainte-Marie de l'Église (Cosme). Et depuis la situation
semble bloquée. La fondatrice doit subir quotidiennement
à... quatre-vingt-sept ans, les « brimades, l es quolibets et les
humiliations de la part d'une voisin devenu « envahissant »
et sous le « sourire narquois de la hiérarchie diocésaine qui laisse
pourrir la situation », renchérit un membre actif de la petite communauté.
Des responsables diocésains qui vont même jusqu'à dire que
Soeur Marie-Françoise ne serait plus religieuse. Une affirma:ion qui relève plus du procès d'intention que de la réalité
statutaire de la religieuse, comme nous avons pu le vérifier (1)
D'autant que pendant plus de vingt ans, les évêques successifs de Valence, informés de son cursus dominicain, n'ont
jamais vu d'obstacle à son ministère.
Toutefois, plus que toutes ces querelles, c'est la destruction systématique de l'oeuvre que soeur Marie-Françoise avait entreprise dans le silence et l'abnégation, celle-ci déclare voir
se défaire, jour après jour, sans que personne de la hiérarchie
officielle ne vienne (lui) tendre une main fraternelle ». S'accroche-t-elle à son siège ? À cette question la religieuse
répond par la négative, sereinement : « Ce n'est pas le goût du
pouvoir qui est en cause à mon niveau puisque j'avais demandé
Mgr Marchand qu'on réfléchisse ensemble à ma succession. J'ai été trompée. » Et d'affirmer que le combat qu'elle mène
aujourd'hui ne vise qu'à « défendre l'honneur de ce haut lieu
de
spiritualité » qui serait en train « de perdre son âme » et
Une lueur d'espoir apparut lorsque l'ancien évêque dut passer la
main pour limite d'âge (75 ans). C'était à la fin de l'année
2001. Son successeur, le jeune Mgr Lagleize (47 ans) était très
attendu ... et se fait toujours attendre d'ailleurs puisque,
depuis sa prise de fonction en février 2002, il n'a pas encore
trouvé un seul instant de libre pour un geste, voire une visite à
l'impromptu, lui qui est pourtant venu sur place plusieurs fois
en ce lieu pour des célébrations ! ... Il est vrai que son prédécesseur veille au grain et surveille le « pied-tendre ». En
effet, Mgr
Marchand a pris sa retraite à quelques rues de l'évêché...
Malgré cet appui de poids, le moine, sur place, s'impatiente et
à force d'agitation finit par obtenir une visite de « la commission de sécurité » pour inspecter la maison
Saint-Hugues...
un prétexte, semble-t-il, par lequel la fermeture pour raisons
de sécurité (extincteurs posés au sol, sortie de secours à baliser) a été décidé. Ce petit
gîte, en réalité, ne reçoit que des
proches et n'est pas ouvert au grand public. « Le dortoir de
douze lits que nous mettons à disposition n'est pas un gîte et nous
n'accueillons que des amis. Nous ne faisons Pas payer et les gens
donnent ce qu'ils veulent », précise la religieuse qui déclare être
prête à faire les travaux nécessaires si on le lui demande. Mais
on ne lui avait jamais rien dit auparavant(2)
Certes, le propriétaire des locaux est l'association diocésaine de
Valence et sa responsabilité serait engagée en cas d'accident - ce que n'a jamais contesté la religieuse. Toutefois, il
serait particulièrement malhonnête d'oublier que, grâce à
ses amis donateurs, soeur Marie-Françoise a investi pour la
restauration de l'abbaye les mêmes sommes d'argent que le
diocèse pour l'achat des murs jouxtant l'abbaye, soit
150 000 euros environ.
N'empêche, la politique d'harcèlement et d'humiliation se
poursuit avec la notification par la maréchaussée de l'arrêté
de fermeture et le placardage de celui-ci à l'entrée de l'accueil, à la consternation des amis de la soeur. Et l'évêché qui
dirige de loin la manoeuvre signale qu'il ne fera pas de travaux de mise en conformité... voilà la maison fermée ...
pour toujours .
Et d'aucuns dans les sphères officielles du diocèse d'en
conclure qu'il ne s'agit là - après tout - que d'une affaire
de mauvais caractère et d'un simple conflit de personnalité à
cause de quelqu'un - une femme - qui s'accroche à son
pré carré. Une position qui ramène à un niveau bien bas des
événements tenant d'abord, y compris dans leur factualité, à
la vie de l'Église et notamment à la question récurrente des
femmes dans la communauté ecclésiale, surtout lorsque
celles-ci réussissent dans leur ministère. Et que l'institution
« balance une fois qu'elles ont bien servi », commente un
proche de la Communion Sainte Marie de l'Église(3)
Christian Terras
Notes
(1)Il y a en effet quelque habileté perverse à lancer de telles affirmations
auprès d'une opinion publique (l'information a été reprise dans la presse
régionale) en général peu au fait du droit canonique ; habileté, donc, qui
consiste à confondre « vie religieuse » en communauté - ce qui n'est
plus le cas de soeur Marie-Françoise depuis 1961 - et l'appartenance
à une « famille religieuse » - ce qui est la situation de centaines
de religieux et religieuses en France et dans le monde,
en « détachement » de leur ordre pour des raisons diverses.
D'autant que concernant soeur Marie-Françoise, le frère dominicain
Azpiroz Costa, procurateur général de l'ordre à Rome (en langage civil
le « grand patron ») lui a écrit le 17 juillet 2000 que ~( nul ne peut douter
de votre appartenance à la famille dominicaine ».
(2) Pour avoir visité les locaux en question, nous pouvons effectivement
témoigner qu'il s'agit-là de détails qui auraient pu être réglés autrement
que par la convocation d'une commission de sécurité,
(3) Malgré tous ces avatars, une résistance s'organise autour d'un site
internet qui vient d'ouvrir pour « sauvegarder la spiritualité et la prière
vraie à Léoncel et venir en aide à soeur Marie-Françoise et à ses amis afin
de préserver l'essentiel de son oeuvre magnifique
Adresse du site : http://leoncel.free.fr/