Soeur Marie-Françoise s'exprime sur les faits dans cette lettre du 23/08/2002

 

Il y a la loi
il y a les faits
la justice civile les confronte
un jugement en résulte

 


A Leoncel de quoi s'agit-il dans la racine même?


Je vais essayer de rassembler les faits, de nouer leur continuité, de dégager leur sens. C'est de là seulement qu'on pourra dire les droits des personnes physiques et morales en présence.

 


Aujourd'hui sont en présence:
des personnes et des institutions, des réalités et des projets, des biens physiques et symboliques.


En 1974, lors de mon arrivée, il y a: Soeur Marie Françoise , 58 ans, et le Père Vial 60 ans environ;une petite paroisse desservie comme vicariat forain tous les 15 jours. Une mairie de moins de cent habitants, agriculteurs, un seul commerçant.; un maire qui le restera 25 ans. Il y a une église, monument historique, depuis 1854. Ouverte au culte, mais à peine entretenue pour la messe, elle est dans un degré avancé de dégradation., murs tapissés de mousse, ruisselants de gouttelettes d'eau;une coupole verdie, un sol de béton craquelé et quelques carrelages abîmés,22 bancs neufs, mais trois autels inutilisables avec des tabernacles , nids de rats, 5 statues en stuc, "Saint Sulpice", de la fin du XlXème siècle. Une belle chaire en noyer sculpté ,suspendue à un pilier, sans escalier d'accès; une série de porte- cierges dépareillés en cuivre;deux grands porte-cierges en bois, du XIX ième  mais surtout un "Christ" monumental, de 1860, célèbre, mais attaqué par les vers du bois; enfin un beau support de lutrin sculpté, sans son porte-livre, peut-être du XVI ème  classé.Il repose sur quatre lions couchés. C'est le principal. Il n'y a pas de sacristie. Le Père Vial apporte ce qu'il faut pour célébrer chaque fois.. 



Pourquoi et comment j'arrive.


J'arrive de Buis-les -Baronnies J'ai passé l'hiver chez Soeur Catherine Capelle et Soeur Antonin Massuque, Catherine et Françoise, au Clos Saint Dominique. Elles ont quitté les Tourelles en novembre 1946, lors de la grande crise de la communauté. Moi j'étais restée. Je les avais retrouvées depuis peu et nous avions renoué des liens très forts d'échanges sur les grands problèmes d'avant le Concile. J'avais passé dix ans à Bully près du couvent des Pères..à Eveux.et mon richissime propriétaire m'avait fait expulser après dix ans de travaux réhabilitant sa belle maison de pierres dorées. J'y recevais beaucoup de groupes et de personnes, avec deux ou trois  en général, à demeure, pour m'aider.

C'est de Buis que, personnes amies et prêtres se conjuguant, je fus conduite à demander à Monseigneur de Cambourg de me confier une petite paroisse sans prêtre pour essayer un ministère au féminin.
 Ce fût Léoncel et sa belle abbatiale, dans un degré avancé de délabrement et d'un environnement à l'abandon, bien que la mairie logea dans l'aile des moines, attenante à l'église. C'est là, derrière de belles colonnes du Xll ème siècle, entrée de la salle capitulaire, que je louais un gîte rural à la mairie., pour l'année. J'avais vu auparavant le Père Vial très mécontent de ma venue et qui me découragea, ainsi que les familles, Bodin de l'Hôtel du Plein Air, et Bouchet, leurs voisins. André Bouchet était maire de Léoncel. Il me découragea aussi vertement et sans ménagement:"Vous n'y passerez pas l'hiver!"..

C'est donc dans un contexte décourageant d'un printemps pluvieux que je découvris Léoncel et que des amis du Bénin me déclarèrent, la main sur l'épaule: "Dieu vous attend là".
C'est cette main et ces mots qui me furent une illumination si forte qu'elle me motive aujourd'hui encore, contre vents et marées, comme je vais le préciser.



Une intuition...


D'emblée, mais confusément, et dans une venue au jour constante depuis ,  que j'ai été habitée par une lunière et une force plus puissantes que toutes les contrariétés, les calculs, les jalousies, les habiletés qui allaient s'abattre sur moi. En même temps, des amitiés, des générosités, des talents, allaient surgir à chaque étape.
Léoncel avait dessiné son visage:
"Du point où vous en êtes, je fais un bout de chemin avec vous", saint Paul dessinait ainsi son âme. 
Nature, culture, prière:c'était notre offrande aux visiteurs, aux fidèles, mais aux quelques paroissiens d'abord., dans la pauvreté, source de richesse et de don généreux, jamais à court en 28 ans
Léoncel était nettoyé, orné, restauré, pièce par pièce; un mobilier liturgique neuf, une sacristie avec,,de belles choses; des fleurs en tous temps, des chauffages, une sonorisation etc...
Une église aimée, fréquentée, répondant à la demande d'une Église de simplicité vraie et accueillante, de partage et d'amitié, de communication dans la parole de Dieu et la liturgie des Heures telle que bien des visiteurs la souhaite de plus en plus.
Léoncel vivait. Par delà deux siècles, renouant avec la sainteté des Pères: Jean, Amédée et Hugues et déjà "Léoncel pour l'Europe"Les Amis de Léoncel" et la "Communion Sainte Marie de l'Église "soutenaient activement cette intuition.



Des épreuves...


Déjà avec la Mairie, raflant à son profit la dotation du Parc du Vercors ...Avec les" Amis de Léoncel" s'adjugeant la vitrine, flatteuse, de la restauration, non sans réels apports de grande valeur, comme les colloques historiques, les cahiers de Léoncel les concerts, les expositions etc...
 Mais la Communion (COSME) prenait statut, publiait, proposait ses reproductions d'icônes, que je faisais souvent de nuit, mangée le jour par les visites, les échanges etc…alors que les Amis De Léoncel  y voient une concurrence...
L'épreuve d'un accident d'aviation: 22 morts... Une part très grande à la gestion des deuils et l'épreuve, qui n'aurait pas de fin, d'un zona géant l'.écharde dans la chair, peut être de saint Paul???

Frère Xavier est arrivé et a permis de tout continuer, mieux de tout développer, Léoncel avait âme et visage désormais et beaucoup y venaient pour la randonnée, l'histoire, la halte de prière...

C'est en 1996, que Monseigneur Marchand présentait, puis imposait, (j'avais il est vrai demandé un successeur) un bénédictin, hors l'abbaye, Frère P.. Et tout allait changer....
 Il voulut imposer son propre projet de restauration d'une petite communauté dont il serait le Père spirituel, l'animateur, le Père abbé en somme Le goût du pouvoir dominait désormais la modeste restauration, avec des
projets démesurés, défigurant l'église si pure, si sobre, si dépouillée..., et surtout des projets pour gagner de l'argent et rentabiliser le monument. 
L'âme de Léoncel s'évanouit dans le goût du profit. 
Tensions, puis guerre, avec des hostilités de plus en plus habiles .
 Puis ce fût le drame.... Frère P. :- "le patron c'est moi"-, cherchant à tout centrer sur lui-même. Une clé à l'église nous interdisant le libre accès, l'exclusion calculée des " amis de Léoncel " la main portée sur moi, la sainte communion refusée etc ... Enfin, le procès obtenu de Mgr.Marchand contre moi, gagné contre moi ... Nous y sommes: été 2002.



Les droits de chacun ???


La Mairie est propriétaire des murs de l'église et doit entretenir les toitures et les ouvertures, portes et fenêtres. Sil y avait un escalier vers le clocher elle y aurait accès. On ne peut rien sceller sans son accord. 
Le diocèse de Valence est " affectaire de droit " pour l'usage du culte catholique. Elle est responsable de tout ce que nécessite le culte. Les activités autres que cultuelles nécessitent l'autorisation du desservant.: concerts, expositions brèves, à l'exception d'activités commerciales avec le concours de l'Association Diocésaine de Valence. Des accords existent entre le Ministère de la Culture et l'Église de France; d'autres sont en cours d'élaboration pour la préservation, le développement du patrimoine cultuel, etc ...


Les Monuments Historiques sont maitres d'oeuvre des travaux, objets d'études et de prévisions budgétaires.
On ne peut rien entreprendre touchant le bâtiment sans son accord et celui du propriétaire. Mais les aménagements intérieurs, sauf création de mobilier ne les concernent pas. Des règles existent et le desservant doit s'y soumettre. Le Parc du Vercors est intéressé lui par le seul Monument Historique de son territoire et favorise les initiatives de qualité. Les visites sont libres et gratuites
Le tribunal a reconnu le droit de propriété jamais contesté, de l'association Diocésaine de Valence sur la "Maison Saint Hugues" .Quel lien avec le ministère presbytéral confié au Frère P. en 1997? 

Je reviens en arrière pour y voir plus clair dans une situation complexe au regard du Droit Civil et du Droit Canonique..
Mgr. de Cambourg a confié l'église en 1974, à Soeur Marie Françoise pour un ministère de Pastorale du Tourisme et d'assistance au ministère du Père Vial. A sa retraite, elle resta seule pour assurer le possible pour une femme, en particulier les assemblées dominicales, alors à leurs débuts et qu'elle créa de rien, avec une paroisse peu nombreuse, sans activité propre, et de peu de culture religieuse, mais solide dans sa foi traditionnelle.. Elle assura, avec prudence et sans aucun problème, le partage de l'Eucharistie tous les jours, à ceux qui participant aux Haltes de Prière, le demandaient.. Le dimanche venaient les pratiquants habituels pour le bonheur des fidèles... Une assemblée souvent gonflée par des groupes de passage en Week-End

Cela dura jusqu'en 1996 où la venue du Frère P., prêtre, changea. la situation. 
Prêtre simple résident, dont les pouvoirs s'accrurent peu à peu, sous la "juridiction " du curé de Saint
Jean en Royans, prêtre responsable de la nouvelle paroisse. D'où lui vient cette responsabilité ? C'est ce qu'il faut justifier avant sa nomination de novembre 97...

Soeur Marie Françoise a fondé la Commuhion Sainte Marie de l'Eglise (COSME) pour la restauration et l'animation spirituelle de Léoncel. Mgr.de Cambourg l'a reconnue ainsi. 
La nomination du Frère P. n'aurait pas dû venir en conflit avec son ministère de restauration et de fondation de la Communion. Une coordination aurait été un exemple de complémentarité en Église."Le patron, c'est moi"', a provoqué un affrontement de pouvoir, d'un côté, de fait, de l'autre une manière autoritaire et personnelle de gérer l'Église était incompatible avec , d'autre part l'initiative, réussie pendant 23 ans, d'accompagnement des personnes dans une démarche spirituelle. 
L'esprit de la restauration était bafoué et l'église de pierres en subit le contrecoup par des aménagements destinés largement à faire entrer de l'argent. Elle permettait au Frère P. de réaliser ce qu'il n'avait pu jusqu'alors dans son abbaye. L'opinion aujourd'hui, sanctionne largement cette dérive. Va-t-on vers un "clash", dangereux pour l'Église diocésaine, et au-delà ???


 Déjà Mgr. Marchand, évêque de Valence pendant plus de 20 ans, avait révolté une partie de l'opinion,. en faisant un procès à Soeur Marie Françoise tandis que le Frère P. clamait publiquement qu'elle n'était plus "religieuse". Le Maître Général de l'Ordre a cependant écrit" Nul ne peut douter de votre appartenance à la famille dominicaine".
Présence d'amiante supposée ?sécurité non assurée pour l'hébergement ?
Prétextes ! en tout cas la maison St Hugues est désormais fermée...

 

Dès lors...



De quoi peut se prévaloir le Frère Pierre,,pour exiger la gestion de la Maison Saint Hugues?

J'ajoute enfin et c'est le plus essentiel au plan moral, que la mise en valeur d'un Léoncel endormi est l'oeuvre incontestée et l'initiative absolue de Soeur Marie Françoise, personnellement., sans le concours financier à aucun moment du diocèse, sauf un don initial de Mgr. de Cambourg.

Aujourd'hui., en s'appropriant l'usage exclusif de l'église, par une serrure personnelle, en réorganisant l'église en sorte que 23 ans de travaux, de mobilier, d'équipements etc ... ne soient plus reconnaissables, en revendiquant la Maison Saint Hugues pour réaliser un projet personnel, le Frère P. , entraînant avec lui l'Association Diocésaine, commet un vol moral qui discrédite l'Église aux yeux du public, en une période où des abus notoires la privent de la sympathie publique. Il faut empêcher un clash qui aurait un effet désastreux.

Pour finir, toute personne, soucieuse de verité, de justice, de paix, ne peut que souhaiter la fin
de cette situation par l'exclusion du Frère P. de la gestion de la Maison Saint Hugues. Et le voeux que le diocèse le renvoie à son ordre à Rome dont il reste " fils " et sous sa responsabilité devant Dieu et l'Église dans la Paix

Nous confions ce vœu à St Hugues en ces jours anniversaires de la fondation de Léoncel Le 23 août 1137



Sœur Marie François Giraud